« Le roi David est une figure complexe dont la narration biblique n’oblitère pas les ambiguïtés et les opacités ». Telle est l’affirmation de l’auteure, Sophie Raymond qui résume l’enquête rigoureuse à laquelle elle nous invite.
Les récits les plus détaillés se situent dans la Bible en 1 Samuel 16 jusqu’à 2 Rois 2. Après les interrogations sur la nécessité d’un roi pendant la période des juges, Israël fait le choix d’un roi, à l’image des nations limitrophes.
Le récit biblique décrit successivement l’ascension au trône avec l’aide de Samuel, la lutte pour échapper à Saül jaloux et les affres des combats avec les Philistins. Il devient progressivement à la fois « le fondateur du culte, de la dynastie et de l’empire ».
Dans la seconde partie de l’ouvrage, l’enjeu est la succession du trône avec ses démêlés et la mort de son fils Absalon, l’adultère avec Bethsabée et la naissance de son successeur Salomon. Le deuxième livre de Samuel intègre des éléments plus disparates sur les exploits à guerriers, le psaume 18 et le récit de sa vie et de sa mort. L’auteur souligne que le récit biblique répond à trois tensions : historiographique, esthétique et idéologique. Puis, le livre des chroniques (1 Ch 11–29, raconte la réception des plans du temple de Jérusalem, l’organisation du culte avec les classes, des lévites et des prêtres, les champs et les portiers, ainsi que l’organisation civile et militaire. Comme l’affirme l’auteure : « l’histoire de David est, sous bien des aspects, une œuvre de propagande de politique, dans le but serait de conforter et valoriser le gouvernement royal de Josias, au VIIe siècle avant JC ». Soit trois siècles après les évènements rapportés.
Dans ce livre est ensuite décrit plusieurs thèmes qui sont chacun des aspects de la figure de David, ou en quelque sorte des tableaux qui dépendamment représente un modèle du croyant, à la fois père, époux, fugitif, traître, meurtrier, roi, fondateur, législateur qui montre les différents visages de ce roi complexe. La réception de David dans les deux testaments, puis dans la culture conduit ce chemin de découverte de David, de manière chronologique est ouverte.
Chacun de nous à notre manière, et dans notre histoire, peut se reconnaître dans cette vie. On n’y pressant également la patience de Dieu à notre égard dans nos faiblesses.
Le seul regret à la lecture de ce livre didactique est de ne pas avoir envisagé, dans le chapitre intitulé « des clés pour comprendre notre culture », la destinée politique de la figure du roi David à travers l’histoire. En effet, à partir de l’alliance davidique ( 2S 7), David devient l’archétype du roi théocratique, la figure du roi qui est lieu-tenant de Dieu au milieu de son peuple. Il sera la source de l’ecclesiologie politique portée par Saint Augustin dans la cité de Dieu et le prototype du roi chrétien carolingien. On n’en retrouvera les échos dans les monarchies absolues de l’âge classique, avec le roi de droit divin comme Louis XIV. Cet héritage pèsera lourd dans les conflits au siècle de la réforme et également sous le règne du Roi-Soleil, dans la révocation de l’Edit de Nantes aux conséquences sinistres.
Mise à part cet aspect, le David de Sophie Raymond est un livre remarquable par sa rigueur et par sa facilité d’accès pour celui qui aimerait approfondir la figure biblique du roi David.
