Dans « Dieu prend soin de nous », le frère Jean-Marie Gueullette, nous invite à écouter saint François de Sales comme conseiller pour notre vie spirituelle.
Jean-Marie Gueullette est un dominicain au parcours original car il est à la fois Docteur en médecine et en théologie. Il a publié de nombreux ouvrages sur la vie spirituelle aux Éditions du Cerf, notamment Saint François de Sales, « parole publique et parole privée », « Laisse Dieu être en toi », « Pas de vertu sans plaisir » ou encore « La spiritualité est américaine ». Il est actuellement au couvent Sainte Anne de Rennes.
Ce livre peut s’adresser principalement à des laïcs, pris dans les obligations du monde, qui cherche à mener une vie active avec Dieu.
L’amour de Dieu nous précède et ne peut nous manquer, Dieu nous donne tout ce qu’il faut pour l’aimer. Dans cette vie d’amitié avec Dieu, Dieu nous veut de plus en plus libre. L’acte de foi est enraciné, non dans l’émotion ou la sensation, mais dans le fait de reconnaître la vérité de la révélation évangélique, voir en Jésus-Christ, le chemin, la vérité et la vie.
Saint François de Sales préconise le désengagement du cœur de toutes choses, pour suivre la volonté de Dieu reconnue. La liberté intérieure, c’est une préférence radicale accordée à Dieu et à la réalisation de sa volonté. François de Sales nous invite à avoir le courage de grandir perpétuellement en la « dilection » de Dieu, la préférence de Dieu. L’exercice intérieur auquel François de Sales nous invite consiste à ne pas transiger sur l’Amour de Dieu, qui doit constituer sans partage le fondement de notre vie, tout en gardant la capacité de nous impliquer dans toutes sortes d’actions ou d’émotions, mais qui ne nous envahissent pas, car notre cœur n’est pas disponible. La liberté intérieure à laquelle nous invite Saint François de Sales, n’est pas un détachement de tout, mais plutôt une préférence radicale, accordée à Dieu et à la réalisation de sa volonté.
Nous sommes invités à oser la vérité. Saint François de Sales nous parle d’exigence envers nous-mêmes, avec douceur. Il fait une belle démonstration de notre principal ennemi : l’amour propre. Cet amour propre qui nous fait toujours préférer notre confort et notre sécurité personnelle. Il compare notre amour propre à « un renard tapi en nous, prêt à se jeter sur les poules, c’est pourquoi il faut, avec constance, veiller sur lui, et avec patience, tout doucement, se défendre de lui. » voilà pour Saint François de Sales, le vrai combat. Vivre le réel avec patience et humilité, voilà le chemin. Tout en douceur et fermeté.
Faire « nos petites besognes », le devoir d’état, comme nous sommes, par charité c’est le fondement et la finalité de tout.
Saint-François de Sales peut aussi nous aider dans la prière personnelle. L’essentiel est de prier et de prier régulièrement sans tension. L’essentiel est d’être uni à Dieu quoi qu’il arrive. Ainsi petit à petit notre volonté va passer en Dieu, notre volonté va être unie à celle de Dieu. François de Sales parle de notre volonté « abîmée et mêlée avec la volonté de Dieu qu’elle ne paraît plus et n’a plus aucun vouloir séparé de Dieu. » Il insiste sur la simplicité d’une prière confiante en Dieu. Par exemple, il nous invite en pleine action à ne pas lâcher sa main, « supporter tout en esprit de douceur, de patience et débonnaireté. »
Se désengager des émotions qui culpabilisent, agir par amour, et ainsi nous pourrons parler de liberté intérieure. Prenons l’exemple de l’esprit d’instabilité et l’esprit de contrainte. Deux vices à éviter car le premier, l’instable n’écoute que lui-même, il fuit toute contrainte. Il n’a pas compris que certaines obligations sont là pour nous rappeler celui que nous aimons, pour nous sortir de nous-mêmes. L’esprit de contrainte accorde plus d’importance à l’observation scrupuleuse de la loi sans attention envers l’auteur du commandement. Il semble alors plus important de se savoir en règle, que d’agir par amour.
Quand Saint François de Sales parle de la douceur, alors qu’il avait hérité du tempérament explosif de son père, nous comprenons dans ce chapitre que nous pourrions faire nôtre cette douceur qui n’est absolument pas dans l’air du temps comme à l’époque du saint d’ailleurs. Il invite à la douceur envers les autres et envers soi comme étant les deux visages de la charité. Il exhorte à la pratique de la douceur en recherchant la vraie humilité. En effet, il dénonce « un orgueil terrible qui nous fait rêver d’une maîtrise totale de nous-même ». Notre orgueil voudrait nous masquer que nous sommes faillibles. Saint François de Sales précise le chemin pour réaliser que la perfection à laquelle nous sommes invités, ce n’est pas la toute puissance mais la fidélité et le bon vouloir dans le désir constant d’être aussi uni à Dieu que possible au milieu des imperfections de l’existence.
Ce livre est adapté pour une première approche de Saint François de Sales.
L’auteur reprend de nombreux passages méticuleusement choisis pour éclairer le propos.
Sa langue… nous y découvrons la douceur, la simplicité, l’humour et également la fermeté selon Saint François de sales envers ceux qu’il accompagnait. Le tout est tout à fait adapté pour notre vie spirituelle.
« Ne philosophez pas sur vos contradictions et afflictions, mais recevez tout de la main de Dieu, sans exception, demeurant, douce, patiente et acquiesçant en tout, très simplement à Sa sainte volonté. Que toutes vos paroles et actions, soient accompagnés de douceur et simplicité. »
Saint-François de Sales répète souvent les mêmes conseils, il connaît les façons qu’à l’esprit humain de ne pas entendre ce qu’il a du mal à entendre. Ainsi, à la fin de notre lecture, le mot douceur, par exemple, n’est pas dénué d’une certaine fermeté. Nous pouvons aussi faire preuve d’humour à l’égard de nos imperfections, de nos petitesses, de nos travers qui se répètent. Dans ce livre, nous prenons aussi une leçon de simplicité pour ce qui concerne notre prière. Quelles vigilances peuvent occuper notre attention : le désengagement de notre cœur, la régularité de notre prière, « laisser passer » notre volonté dans celle de Dieu.
Ce livre encourage à la contemplation et à l’action en dépassant toute rigidité inutile.
C’est un livre adapté pour vivre une retraite dans la vie. C’est un livre qui fait du bien, sa lecture est agréable. Ce livre par les extraits d’écrits de Saint François de Sales bien choisis, offre un accompagnement spirituel au long des jours. L’intérêt de lire un tel livre c’est de pouvoir reprendre l’un ou l’autre chapitre que nous avons peut-être passé trop rapidement. Le frère dominicain nous indique comment poursuivre notre vie avec Saint François de Sales en prenant la table des matières du « Traité de l’amour de Dieu » ou de « L’introduction à la vie dévote ». Je vous conseille vivement cette lecture car oui « Dieu prend soin de nous ».