En ce temps où le bruit des armes et les massacres déchirent l’actualité, la conscience du combat pour la paix des moines de Tibhirine est un appel pour chacun de nous.
Dans les années noires de l'Algérie, quand la violence semblait avoir pris possession de tout, les frères de Tibhirine ont choisi un chemin qui peut paraître fou : celui du désarmement. Pas le désarmement des autres, mais d'abord le leur. Ce livre raconte cette histoire, cette lente conversion d'hommes qui ont découvert que pour faire la paix, il fallait d'abord la faire en soi.
Tout commence par une nuit de Noël 1993. Un commando du GIA fait irruption au monastère. Face à Sayah Attya, le chef du groupe, frère Christian refuse de céder, mais reconnaît en lui un frère égaré. Cette rencontre bouleverse tout. Quinze jours plus tard, Christian confie sa prière : "Désarme-les, désarme-nous, désarme-moi". Ces mots deviennent le fil rouge de leur existence.
Car ils l'ont compris : on ne peut demander à l'autre de poser les armes si on ne commence pas par les poser soi-même. Les armes du cœur, celles de la violence intérieure, du jugement, de la peur. Ils appellent les terroristes "les frères de la montagne" et les soldats "les frères de la plaine". Manière de ne pas choisir de camp, de rester en fraternité avec tous.
Pour eux, tuer c'est détruire l'image de Dieu en l'homme. Alors ils résistent à toutes les formes de meurtre : ne pas se tuer soi-même, ne pas tuer le temps, ne pas tuer la confiance, ne pas tuer l'espoir. Cette résistance devient leur manière de vivre, leur façon de prier.
Frère Christian trace cinq chemins vers la paix, comme les cinq piliers de l'islam qui les entoure. La patience d'abord, parce que la paix est un tout petit à qui il faut laisser le temps de grandir. La pauvreté ensuite, accepter d'avoir le cœur brisé et broyé, désarmé, ouvert. La présence, demeurer attentif à Dieu qui se cache au cœur du quotidien le plus violent. La prière, se remettre à l'Esprit quand l'analyse ne suffit plus. Le pardon enfin, qui donne vie.
Ce désarmement n'est pas faiblesse, mais force. C'est choisir la vulnérabilité comme chemin vers l'autre. C'est parier sur l'amour plus fort que la mort. Ils l'ont payé de leur vie, mais leur témoignage résonne encore. Dans un monde où la violence semble partout, ils montrent qu'il existe une autre voie : celle du cœur désarmé qui fait naître la paix en l'accueillant d'abord en soi.
Leur histoire traverse les siècles et nous rejoint aujourd'hui. Parce que la paix n'est pas d'abord un état, mais un chemin, un effort quotidien, une espérance à cultiver. Heureux ceux qui cherchent la paix, car ils la trouvent en la donnant.
Un moine sans miséricorde est une fontaine tarie (p 76)
Le moine ne dira aucune parole mauvaise, car Lavigne ne porte pas d’épines (Abba Hypéréchios) (p 78)
Le péché, c’est la méfiance de l’homme face à Dieu. Frère Luc, page 84.
Sans la découverte de la miséricorde, absolue de Dieu, il n’y a pas conscience du péché. Frère Luc, (p 84).
Là où il n’y a pas d’amour, il n’y a pas non plus de péché : c’est tout le drame de l’amour et de la Foi – Plus je crois, plus je découvre l’amour de Dieu pour moi et plus aussi, je me découvre pécheur. Frère Luc, (p85).
C’est un nouveau visage d’église, qu’il nous faut contribuer à enfanter en allant jusqu’au bout de nos dépouillements … et de nos vieillissements. Frère Christian. Lettre à P Etienne, Baudry, 1996. (p21)
La confiance est le nom infiniment noble que l’amour prend en ce monde lorsque la Foi et l’Espérance se rejoignent pour lui permettre de naître. Père Christian (p22).
Lève-toi, Seigneur, et que vienne ta paix en Palestine sur la terre où tu es né, où tu as grandi, où tu as donné ta vie...Frère Célestin (p89).
67. En réalité c'est au fond de notre cœur que se partagent le bien et le mal. Et c'est là qu'il faut commencer à faire la paix. C'est là que Dieu a mis une braise de feu de son amour, à nous de l'accepter, de ne pas l'étouffer, mais au contraire de faire en sorte que cette petite flamme grandisse. Frère Paul (p95).