Frédéric Gugelot analyse un phénomène religieux inédit : l'émergence de prêtres-chanteurs de variété dans la France d'après-guerre. L'ouvrage retrace l'épopée d'Aimé Duval, jésuite devenu vedette avec plus de trois millions de disques vendus, incarnant une nouvelle forme d'apostolat hors des églises.
L'auteur contextualise brillamment ce phénomène dans le renouveau missionnaire catholique post-1945, où l'Église cherche de nouvelles méthodes d'évangélisation. Ces prêtres-chanteurs (Duval, Sœur Sourire, Cocagnac) tentent de réconcilier sacré et profane, sortant du temple pour toucher un public éloigné par la chanson populaire.
L'analyse révèle les tensions inhérentes à cette démarche : comment concilier divertissement et mission religieuse ? Gugelot démontre que l'échec final résulte des mutations socioculturelles des années 1960-70 et de la sécularisation croissante, et les souffrances de ces vedettes éphémères.
L'ouvrage offre une étude rigoureuse d'un catholicisme en quête d'adaptation à la modernité. Si l'approche historique est solide, on regrette parfois une analyse théologique insuffisamment approfondie de ces innovations pastorales.