L'esprit vivant de la nature

Frédéric Nef
Editions du Cerf
Emmanuel Morucci
27 juillet 2025
Relecture :
Gilles Berrut
Philosophie
Essai
Sciences de la vie
Sociétal
Temps de lecture :
1
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L’esprit vivant de la nature. L’âme et la matière.

Frédéric Nef.

Les Éditions du Cerf , 2025.

Recension proposée par Emmanuel Morucci

Comment les coquillages ramassés sur le sable à marée basse peuvent-ils nous aider à penser le lien entre l’esprit et la matière ? C’est en substance la base du questionnement qui forme le corpus de l’ouvrage de Frédéric Nef philosophe, spécialiste de métaphysique et d’ontologie des formations sociales et  directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. L’auteur d’un grand nombre de livres est reconnu pour ses travaux en logique, métaphysique et mystique. Il a, entre autres publié La mort n’existe pas, Mourir, être mort, ressusciter aux Éditions du Cerf en 2021.

Bien sûr ce n’est pas le livre que d’emblée nous allons lire à la plage, mais avant ou après, pourquoi pas ?

L’auteur nous entraîne dans la découverte d’un concept philosophique peu connu pour le non-initié : le panpsychisme (pan pour tout et psyché pour âme et esprit). C’est l’idée que tout a un esprit et non que tout est esprit. Le postulat affirme que la conscience est une propriété fondamentale de l’univers, qu’elle est présente dans toutes les entités, des particules subatomiques aux êtres humains, proposant une unité entre la matière et l’esprit.

Plus qu’une itération entre concepts habituels de la métaphysique, l’auteur propose un voyage entre ceux, fondamentaux, de l’écologie profonde et invite à remplir un rôle critique indispensable.

Il faut le dire, le livre n’est pas facile et confirme le fait qu’il faut saisir, à minima, les concepts de la métaphysique, ceux de l’émergence du panpsychisme en tant qu’ensemble de théories philosophiques qui dotent toutes les choses qui existent d’esprit… ou de l’esprit.

L’enquête est solide, car menée par un grand spécialiste de la question. Elle couvre, sur son domaine, pratiquement toute l’histoire de la philosophie, trop souvent réduite à un combat entre idéalisme et matérialisme. Sur ce point F. Nef propose de suivre le développement du panpsychisme depuis la renaissance jusqu’à l’âge moderne. C’est l’objet de sa deuxième partie.

Pour nous aider à saisir les mutations, il s’appuie sur les apports des théoriciens fondamentaux : Kepler, Leibniz, Fechner, Whitehead. Chacun d’entre eux représentant une période : Renaissance, âge classique, âge scientifique des XIX et XXe siècles. On remarque son détour par Dante et son panpsychisme qualifié de cosmologique.

C’est un livre d’interrogation sur ce que sont l’âme et la vie, la relation entre la nature et l’esprit, entre physique et psychisme. Sur ces points Fechner occupe une place importante. F. Nef reprend à son compte Schopenhauer qui, dans son ouvrage De La Volonté de la nature, au chapitre sur la physiologie végétale, développe un point de vue idéaliste. Il affirme en effet que « si les plantes ont des sentiments, elles n’ont pas de connaissances au sens strict ». Il distingue ainsi connaissance et sensibilité à l’excitation (lumière, froid, chaleur).

L’ouvrage nous invite à réfléchir à l’âme que peuvent avoir, ou auraient, les objets inanimés (Thales, Platon, et dans une certaine mesure Lamartine). C’est donc bien à une chaîne de concepts que nous convie Frédéric Nef dans son « L’esprit du vivant et de la nature ».

Pour aller plus loin

https://www.philomag.com/livres/lesprit-vivant-de-la-nature-de-frederic-nef-explorer-lame-du-monde

La connaissance mystique par Frédéric Nef

Pour lire le livre