Osée

Pierre de Martin de Viviès
Editions du Cerf
Catherine Masson
22 janvier 2025
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Écritures
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Pierre de Marin de Viviès

Osée

Éditions de Cerf, coll. Mon ABC de la Bible 2023. 150 p.

Le livre d’Osée, un « petit prophète », mais « grand » sans doute par son contenu et les échos qu’il a eu jusqu’à nos jours, est un livre complexe, parfois déroutant et pas facile à lire. L’ouvrage de Pierre de Martin de Viviès, publié dans la collection des éditions du Cerf « Mon ABC de la Bible », nous trace un chemin d’accès.

L’auteur, prêtre de la Compagnie de Saint-Sulpice, théologien, historien des religions, bibliste, professeur à l’Université catholique de Lyon se fait notre guide, « dans une lecture informée et vivante ». Le livre d’Osée est impossible à résumer écrit-il, tout comme le commentaire qu’il en fait ! Nous n’en donnons ici que quelques pistes éclairantes.

Le but d’Osée est d’avertir du danger dans un état de catastrophe. Il le fait dans un message incarné dans sa propre vie conjugale. La première clé de lecture est celle du contexte historique au VIIIe siècle avant Jésus Christ : l’auteur, presqu’un inconnu, les destinataires, le royaume d’Israël d’abord, puis sans doute celui de Juda pour la version écrite, à un moment marqué par l’idolâtrie, les guerres de conquête, la pauvreté, la corruption, les inégalités, la déportation de population, les coups d‘état et assassinats, des prêtres indignes… Autant de réalités dans lesquelles vit le prophète et qui résonnent encore 2800 ans plus tard ! Il ne suffit toutefois pas de faire des ponts dans le temps pour saisir le message émis et écrit dans un monde dont beaucoup d’éléments nous échappent. Aussi l’auteur commence-t-il par décrire ces circonstances dans lesquelles le prophète Osée va dénoncer d’abord l’idolâtrie, mais aussi la collusion du politique du religieux, dans un discours qui veut provoquer une sorte d’électrochoc. Il le fait à grand traits mais aussi verset par verset, pour mieux introduire le message du prophète qui est avant tout théologique : Osée décrit l’action de Dieu pour son peuple et s’il annonce des catastrophes il dit aussi que la conversion est possible et que la catastrophe en cours (l’exil) n’est pas irréversible.

Même si le livre d’Osée est complexe, sa construction est cohérente, autour d’abord de la métaphore conjugale, puis de la métaphore parentale, métaphores qui scénarisent la parole prophétique au moyen de comportements étranges voire scandaleux. La deuxième partie, qui ne met plus en scène la vie du prophète, rassemble toute une série d’oracles sur Israël. Osée proclame son message en utilisant beaucoup d’anthropomorphismes mais tout en affirmant que la logique divine n’est pas la logique humaine, que Dieu est irréductible à la logique humaine et que l’Alliance qu’il a contractée avec son peuple est, au-delà du contrat, un acte d’amour : c’est l’amour qui unit les contractants et c’est là la nouveauté introduite par le prophète Osée, à laquelle d’autres écrits prophétiques feront ensuite écho. Dans l’Alliance entre Dieu et Israël, dit-il, si les partenaires sont tenus à des devoirs l’un envers l’autre, c’est l’amour qui est le fondement de ces devoirs… amour qui bouleverse le propre cœur de Dieu. Face aux coupables, dont la faute est dénoncée, il ne s’agit pas de détruire (même si l’invasion assyrienne est bien réelle) mais de corriger. La punition a un but éducatif. Il y a un retour possible d’Israël et le retour divin est même présenté de manière inconditionnelle. Dieu n’attend pas de sacrifice – le rite n’a pas barre sur lui – mais la fidélité et la connaissance de Dieu, autrement dit, le salut est toujours là pour celui qui se tourne vers Dieu. Les dernières lignes du livre d’Osée ouvrent la porte de l’espérance. Dieu intervient en faveur de son peuple. Il en attend une démarche de conversion, mais c’est lui qui guérit et renoue l’alliance avec lui.

Cette immersion dans l’univers du prophète est nécessaire pour nous permettre aussi d’actualiser son message et questionner notre aujourd’hui, en nous rappelant que l’amour a toujours le dernier mot, ce que le Christ accomplit.

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