Ce traité (dit « Tractatus ») est important dans l’histoire de la philosophie. Il fut au centre de toute formation philosophique au Moyen-Age qui, alors, se faisait en référence à la pensée d’Aristote. Ainsi fut enseigné la « doctrine des dix catégories » : essence, quantité, qualité, relatifs, lieu, moment, position, possession, action, passion. Mais aussi la division entre la substance et l’accident et tout ce appareillage conceptuel qui fut mis au centre de la philosophie et même de la théologie avec la somme de St Thomas d’Aquin (1274) qui devint centrale, obligatoire, incontournable, indispensable. Ce Tractatus fut entre le IX et le XI -ème siècle copié, recopié, aux quatre coins de l’Europe lettrée. Il reste ensuite comme un texte de référence même si son influence est décroissante. Et comme il fallait lui donner une autorité, on le prit longtemps pour un texte d’Aristote. Après s’être rendu compte qu’il n’en était pas un, on l’attribua à St Augustin – alors qu’il ne l’est pas. Il date, selon toute vraisemblance, du IV -ème et doit être considéré comme un résumé d’Aristote, une paraphrase intelligente avec des apports étrangers à Aristote et qui semblent, pour les spécialistes, apporter des éléments novateurs.
Le destin de ce livre est intéressant. Ce Tractatus disparu des bibliothèques avec la réapparition des œuvres d’Aristote et surtout avec une nouvelle manière de faire de la philosophie, disons à partir de Descartes, quand on se passa de l’outillage conceptuel du génial grec. Maintenant, cette publication bilingue (latin/français) est une contribution à l’histoire de l’aristotélisme. Ce livre relève plus des spécialistes pour mieux comprendre l’histoire de l’aristotélisme.
Regrettons que l’importante introduction (77 pages) n’en soit pas une. Ecrite par des spécialistes, pour des spécialistes, elle n’a pas pitié des « honnêtes hommes » qui voudraient comprendre l’importance de ce texte. Tout pour eux semble évident – alors que rien ne l’est pour le commun des mortels. Et de lourdes, pointilleuses et nombreuses notes en bas de page ajoutent à ce sentiment d’exclusion. Dommage !